Lina Trabelsi

Air Algérie : c’est le brouillard !

Le slogan d'Air Algérie "Always care for you" parodié par Billy Créations.
Le slogan d’Air Algérie « Always care for you » parodié par Billy Créations.

Depuis l’âge où j’ai commencé à regarder des films qui n’étaient pas forcément de mon âge, j’ai toujours eu une étrange passion pour les films catastrophes surtout quand le lieu de l’histoire était un moyen de transport : Speed, Des serpents dans l’avion, Titanic, Seul au monde … Des films qui me faisaient ressentir des émotions contradictoires : des rires aux cris. De plus, ils ajoutaient une petite dose d’adrénaline chaque fois que je voyageais. 

Pour l’avion, c’est une autre affaire. Même si les histoires de crash, tant dans la fiction que dans la réalité, me faisaient tenir le petit sac en carton comme mon meilleur ami de voyage, j’étais toujours rassurée à l’idée de prendre un vol Air Algérie. En effet, la compagnie ne comptait que très peu d’accidents, à savoir deux crashs, l’un en 2003 (102 morts) à Tamanrasset et le second en 2006 (3 morts).

On l’aimait bien, notre Air Couscous national : les carnets de coloriage, les plateaux-repas généreux, les hôtesses quadragénaires parfois maquillées comme des danseuses du Crazy Horse, ou d’un cabaret oranais pour être plus modeste.

On leur pardonnait presque leurs fréquents et interminables retards ainsi que leur shopping occasionnel dans nos valises qui leur ont fait une réputation en or (volé) !

Mais voilà que depuis quelques temps, Air Couscous s’enlise non pas dans la sauce aux légumes, mais dans une saga tragi-comique qui lui vaut une chute vertigineuse dans l’opinion algérienne. Aujourd’hui, certains n’hésitent plus à se tourner vers d’autres compagnies comme Aigle Azur ou Air France. (Bon j’avoue, je prends Aigle Azur depuis un moment, mais seulement parce que les retards d’Air Algérie étaient rarement compatibles avec les trains nocturnes allant de Marseille à Montpellier.)

La saga Air Algérie débute avec le drame du vol Ouagadougou-Alger, qui s’est écrasé au Nord-Mali le 24 juillet dernier, bilan : 116 passagers morts sur le coup. Fidèles à leur impatience, les médias se sont lancés dans toutes les suppositions possibles quant aux raisons de cet accident : détournement, appareil touché par un missile, raisons climatiques,défaillances techniques? Une personne en particulier a trouvé une explication beaucoup plus simple : c’est une compagnie du Tiers Monde.

« Si une dictature n’avait pas ruiné les Français, ils ne seraient pas obligés de prendre des compagnies aériennes du Tiers Monde. #AH5017 » – Nadine Morano

Venant d’une personnalité politique française dont la compagnie aérienne ne sert que 3 biscuits apéritifs au moment du déjeuner, la notion de Tiers Monde n’est peut-être pas très appropriée.

Ce crash, d’un avion algérien, sur le territoire malien,dont une grande partie des passagers était de nationalité française, a créé un certain brouhaha entre les différents acteurs chargés de gérer le drâme. Puis, on décida que c’était une affaire française ! De toutes les manières, Air Algérie s’était déjà lavé les mains de toute culpabilité en rejetant la faute (comme à son habitude) sur la nationalité « espagnole » de l’équipage. Histoire de dire que même une tornade à 200 km/h pourrait être évitée par nos pilotes.

Côté algérien, la crise a été gérée selon nos coutumes locales : pas ou alors très peu de communication quant aux avancements de l’enquête. Notre ministre des Transports, Amar Ghoul n’a pas manqué de mettre les pieds dans le plat en brandissant la boîte noire de l’avion comme un butin de guerre, qui n’est en réalité que le maigre butin de la faible souveraineté de l’Algérie dans cette affaire.

La faute « à la main étrangère »

Par la suite, de nombreux incidents techniques à des degrés de  gravité variables ont placé Air Algérie à la frontière de la redoutable liste noire.

A l’aéroport de Lille, un avion s’est enlisé en touchant le gazon, bloquant les pistes aériennes pendant deux heures. Il y a deux jours, double incident : sur le sol d’Alger, deux avions se « frôlent légèrement » , ne touchant qu’un bout de l’aile. Le fait est raconté comme si une voiture avait frôlé le rétroviseur d’une autre. Et c’est finalement un sanglier, qui clôt (momentanément) la série d’incidents d’Air Algérie, comme la malheureuse victime de la gestion médiocre de la compagnie aérienne. Et puis de toute façon, le halouf c’est hram !

Car il serait bien facile de dire, comme l’ont fait nos politiciens à de nombreuses reprises que c’était la faute « à la main étrangère ». Cette fameuse main qui pèse de tous ses maux sur l’Algérie depuis son indépendance. Les plus superstitieux pourraient aussi dire que c’est la faute au mauvais œil, celui qui remplace la main étrangère quand elle est en congé. En réalité, ces incidents n’ont fait qu’éclairer l’opinion algérienne sur la crise interne d’Air Algérie.

Car même en dehors de l’avion, des agents de la compagnie sont capables d’oublier un enfant pendant plus de 30 heures, alors qu’il était censé être accompagné lors de son  transit. Où sont donc passés ces agents si gentils avec les enfants voyageant en « UM », qui nous faisaient monter dans l’avion par le monte-charge qui transportait les chariots de plateaux-repas (Ceci est une histoire vécue).

Actuellement, Mohamed Salah Boultif est toujours à la tête de l’entreprise, malgré un silence de mort face à cette série d’incidents. Seul le président peut le limoger, encore faudrait-il qu’il prenne un avion Air Algérie. C’est donc Amar Ghoul qui se charge de porter la responsabilité (et la moustache) en annonçant un audit qui promet de faire tomber des têtes au sein d’Air Couscous.

En attendant, Air Algérie vous souhaite excellent voyage, et de rester en vie. Inchallah.

*halouf: cochon

*hram : péché


Cher journaliste, je ne vous salue pas !

migrants

Si vous ne le savez pas encore, mon dernier article portait sur le racisme anti-noir en Algérie, si vous le savez, alors tant mieux pour vous ! Et pour ceux qui ne le savaient pas, vous auriez dû car ceux qui le savent penseront que cet article tourne un peu à l’obsession puisque j’en remets une couche.

Mes excuses pour cette introduction plagiée sur Stéphane De Groodt, qui , vous devriez le savoir, est un excellent poète des temps nouveaux. Le fait est, que mes capacités rédactionnelles viennent d’être mises à mal , ou a néant (c’est comme vous voulez) après la lecture d’un article, des plus bluffants.

L’article en question date du 21 Août dernier , rédigé par un certain *** dont je ne citerai pas le nom comme ça vous lirez l’article avant. Étonnant par son contenu, autant que le journal sur lequel il le publie, l’auteur exprime clairement sa crainte voire son dégoût, envers l’ensemble des migrants et réfugiés présents dans le pays. En cachant à peine sa xénophobie, il argumente ses propos par les raisons douteuses de ces migrations ou encore la propagation du virus Ebola , pour enfin conclure sur la problématique suivante « L’Algérie a-t-elle vocation à accueillir toute la misère du monde? » .

Pour bien comprendre mon étonnement, la presse algérienne se divise en 2 catégories : les journaux pro-gouvernement, à l’image d’El Moudjahid , qui , au vu de sa Une vous donne l’impression que l’Algérie, c’est Monaco ! Ensuite , il y a les journaux dits « libres » à l’image du Quotidien d’Oran, où les journalistes se permettent de taquiner un peu les gouvernementaux. Une petite blague algérienne pour illustrer cette distinction.

        « Un homme achète un kilo de sardines chez le poissonnier,qui les lui emballe dans une feuille du journal « El Watan », l’homme rentre chez lui , en tenant le           paquet , puis s’empresse de les faire frire puis de les déguster .

 

Le lendemain,le même homme achète un kilo de sardines chez le poissonnier qui les lui emballe dans une feuille du journal « Le quotidien d’Oran », l’homme rentre chez lui et demande à sa femme de les lui griller (oui, il ne va tout de même pas cuisiner tous les jours ! ) avant de les manger.

 

Le surlendemain,il achète son kilo quotidien de sardines chez son poissonnier  qui les lui emballe dans une feuille du journal « El Moudjahid ». Sur le chemin, le paquet se déchire et les sardines tombent par terre. Fou de rage,l’homme s’exaspère « Ah ! en plus d’être un torchon , ce journal n’est même pas foutu de porter des sardines !  »

 

La conclusion ici, hormis le fait que le monsieur aime beaucoup les sardines, montre bien la qualité de certains journaux algériens. Avec cet article du Quotidien d’Oran, les sardines n’auraient pas fait long feu !

Alors,cher journaliste, je ne vous salue pas ! Et je vous conseille vivement de remettre votre diplôme dans le Kinder Surprise où vous l’avez trouvé.Je vous ferai quand même l’honneur d’étayer mon billet avec vos meilleures citations , que je mettrai même en gras. C’est cadeau !

« Des réfugiés supplémentaires risquent de nous tomber dessus et nous asphyxier de toutes parts […] de s’éparpiller dans le pays profond de l’Algérie, « Mecque des révolutionnaires et légendaire terre d’asile ».

Voilà un bien beau portrait qu’il dresse de notre pays. « Mecque des révolutionnaires et légendaire terre d’asile ! » . L’Algérie, bras grands ouverts, sur laquelle s’abat une pluie de réfugiés toxiques ! Au cas où son horloge biologique se serait arrêtée aux années 60, l’Algérie n’est plus « La Mecque » qui a vu Nelson Mandela y effectuer sa formation militaire. Car, aujourd’hui, l’Algérie n’est autre qu’un sanctuaire clos abritant un grabataire sur quatre roues entouré de ses larbins qui se délectent de sa sénilité. Cette même Mecque qui, par son caractère religieux a été le foyer d’une multitude de terroristes durant la décennie noire. Preuve que le mal ne vient pas forcément de l’extérieur !

« Il y a aussi la mauvaise gouvernance et la corruption, sévissant, notamment, en Afrique et dans le monde arabe qui sont à ajouter à ce constat ; et dans tout cela, l’Algérie, riche et puissance régionale, dit-on, est concernée au regard de ce qui se déroule à ses frontières. » 

L’Algérie riche, oui, mais seulement pour quelques uns! Puissance régionale, également, mais qui s’effondrera à la dernière goutte de pétrole qui sortira de nos sols. Cette Algérie si pure et innocente, qui voit entrer la corruption par ses frontières. Or, on le sait bien, celle-ci se développe tout aussi bien à l’intérieur du pays sans aucune influence extérieure.

« Après avoir accueilli des centaines de familles syriennes, solidarité arabe oblige, voilà que notre pays est assailli par des contingents d’africains, nigériens et maliens majoritairement, qui ont élu domicile dans les rues d’Alger et dans le pays profond. « 

Sans franchir la frontière du racisme, la juxtaposition des mots est assez flagrante. Entre l’accueil et la solidarité arabe qu’offre l’Algérie aux réfugiés syriens, s’opposent les contingents d’Africains qui arrivent tels des assaillants. Vous l’aurez compris, solidarité arabe, oui.Solidarité africaine, pas trop.

« Les hommes égrènent, en silence, un chapelet qu’ils arborent, ostentatoirement, manière de dire «on est musulmans,il faut nous aider ! »

Quand un Algérien arbore un chapelet,on dit qu’il est pieux. Lorsque c’est un réfugié qui le tient, c’est forcément un mendiant! Cette méfiance de l’auteur démontre à merveille la décadence de la solidarité musulmane. A croire que l’identité musulmane, en Algérie, ne se fait voir que lorsqu’il faut condamner le port des maillots féminins à la plage ou  manifester contre la réouverture des synagogues !

 

Il serait compliqué de critiquer chaque propos de cet article mais l’auteur a raison sur deux de ses inquiétudes. La première, qui n’est autre que la migration de terroristes venus de la frontière libyenne qui pourront à moyen ou long terme, mettre à mal notre politique de sécurité. La deuxième qui est l’indifférence du gouvernement face à ce phénomène de flux humains. Malheureusement, ce gouvernement nous a bien prouvé qu’il n’y a pas grand chose à attendre de lui, même pour des problèmes foncièrement internes au pays : la crise à Ghardaia, la gestion sécuritaire des stades après la mort d’Ebossé…

« L’Algérie a-t-elle vocation à accueillir toute la misère du monde?  » en sachant qu’une bonne partie de sa propre misère est déjà prise en charge en Occident. Toujours est-il que le poids de cette misère du monde, ne pèsera qu’à une infime proportion sur cette Algérie, qui subit déjà le poids de sa propre misère politique, sociale , intellectuelle et culturelle.

Alors, avant que vous ne finissiez asphyxié par les contingents africains, allez prendre l’air auprès de Mr Le Pen qui adhérera pleinement à vos idées; à moins que Monseigneur Ebola n’ait pris possession de votre corps, perdu dans cette « déferlante » de migrants et de réfugiés!

 

 


Carton rouge et brassard noir pour le football algérien

ALBERT-ÉBOSSÉRetour sur Mondoblog après quelques semaines de chômage, le petit palmier ayant décidé d’étendre ses feuilles sous le soleil espagnol et le vent portugais. Le parfum de rentrée se fait sentir aussi bien que les rouleaux de peaux mortes annonçant le décès imminent de mon furtif bronzage.

De retour à la réalité, après m’être un peu coupée des réseaux sociaux. Ma première connexion m’offre, après mon bain glacial en océan Atlantique, une deuxième douche froide. Albert Ebossé, joueur camerounais pour la JS Kabylie , décède juste après la fin d’un match touché par le jet d’un projectile « lourd et tranchant ».

Je suis tout d’abord étonnée, puis  la honte m’envahit lorsque j’apprends que l’objet que le défunt joueur a reçu n’est pas tombé du ciel, mais bien d’un supporter. Événement triste, mais pas si surprenant lorsque l’on voit l’ampleur des mesures de sécurité mises en place avant et après un match. Des dizaines de fourgons de police, des hommes prêts à maîtriser les foules sauvages de supporters en délire.

Sans faire dans la généralisation, il faut avouer que nombre de nos compatriotes, de mes compatriotes, en temps de match, sont bien souvent incontrôlables. Ne vous fiez pas a leur allure … maquillés grossièrement de la tête au pied, criant bien entendu « ehnaya les Algériens » (Nous on est les Algériens) histoire de bien vous rappeler qu’il ne faut pas les confondre avec des Suédois. Je me souviens parfois des vendredis familiaux que je passais chez mes grands-parents qui habitaient à quelques pas du stade du 5-Juillet, grand stade de la capitale, où il fallait souvent attendre une ou deux heures d’accalmie avant de pouvoir prendre la voiture. C’est dire que les sorties de match sont parfois similaires à une soudaine ouverture des cages d’un zoo… un scénario un peu à la Jumanji.

Et les femmes dans tout ça ? J’imagine déjà quelques dames à qui vous poseriez la question dans un salon de coiffure, éclatant de rire en se demandant de quelle planète vous provenez ! Comme des lions affamés, certains des supporters pourraient renifler les hormones féminines à quelques kilomètres de là, et si elles osaient s’en approcher … on leur laisserait le choix entre sauce samouraï ou sauce algérienne.

La Coupe du monde l’a bien prouvé. Même s’il y a eu quelques femmes parmi les supporters algériens envoyés au Brésil, nous avons surtout admiré des supporters bedonnants, barbouillés de peinture et vêtus de chapeaux si originaux que même Jamiroquai envierait !

Albert Ebossé, objectivement, n’est pas la première victime du football algérien. Nous pouvons rappeler par exemple, la mort de deux jeunes supporters dans l’effondrement d’une tribune à Alger. Ou encore, deux autres fans des Fennecs lors des défilés post-match Algérie-Russie. En Algérie, certains restent liés à la mort dans la joie comme dans la tristesse avec le football !

Mais en réalité, de quoi devrions-nous avoir honte ? De la bêtise du supporter ou de son racisme ? Une réponse que nous n’aurons peut-être jamais puisque le coupable court toujours et que le gouvernement a toujours d’autres chats à fouetter, comme le dernier court métrage du président Bouteflika recevant Rached Ghannouchi (restez concentrés sur les fleurs). La FAF (Fédération algérienne de football) quant à elle, s’est contentée de donner deux jours de vacances aux joueurs : une suspension des matchs du 29 au 30 Août.

Si la raison de cet acte est raciste, alors le coupable peut dormir sur ses deux oreilles, car le racisme coule des jours heureux en Algérie.

Malgré sa sonorité mignonne « Kahlouche » (noiraud) cache bien souvent très peu de considération pour les Noirs parfois traités comme des sous-hommes. Certains en sont réduits à cirer des chaussures sous un parasol en espérant se faire quelques sous. Vous verrez rarement (pour ne pas dire jamais) un Algérien assis par terre demandant à cirer des chaussures … de toute façon, ils ne cirent même pas leurs propres chaussures ! En bref, il n’est pas bon d’être noir en Algérie.

Africains, anciens colonisés, parfois musulmans. Beaucoup de choses relient les Algériens aux autres Africains, et pourtant, certains vivent encore à l’époque de la traite des Nègres. Il existerait peut-être une sorte de chaîne alimentaire du racisme, où certains ressentent le besoin de faire payer pour le racisme dont ils sont victimes en Europe. C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité ou comme on dit chez nous, le singe qui fait du zèle à une banane !


Ramadan en Algérie : le pardon, le partage et la poêle à frire

violence_ramadhan

Voici déjà quelques jours que le mois « sacré » du ramadan a pris place dans les foyers musulmans. Entre thé à la menthe et conflits au Moyen-Orient, on partage, on pardonne et on ne peut plus esquiver les repas de famille.

Pour ma part, ces premiers jours se déroulent en France où mes repas ressemblent plus à une initiation à la cuisine algérienne qu’autre chose. Après avoir ingurgité des litres de chorba et de Selecto, me voilà fin prête à découvrir la série traditionnelle du ramadan via mon ordinateur posé sur le socle qu’est devenu mon ventre. N’ayant pas accès à la chaîne terrestre, je me résous donc à aller sur Canal Algérie , chaîne dédiée aux Algériens résidant en France , puisque j’en fais partie désormais.

En Algérie, les soirées ramadanesques seraient vides de sens sans le célèbre « mouselsel », qui signifie feuilleton. Ces séries mélodramatiques, semblables aux « soaps » ou aux « télénovelas » trouvent pour principales cibles : les ménagères, les personnes dépressives et ceux qui aiment avoir matière à faire de l’humour noir.

Je vous laisse deviner ma catégorie.

La série dont je me suis imprégnée tourne autour d’un double portrait, celui de deux femmes au foyer (premier cliché), dont le quotidien se résume à faire la vaisselle et à éplucher des patates (deuxième cliché) et qui entretiennent des relations quelque peu houleuses avec leurs conjoints. En Algérie, il faut comprendre par « relations houleuses » qu’elles se font battre par leur mari. C’était le troisième cliché.

La règle des trois « C » (Chômage, Cuisine, Conjoint) ayant été appliquée à la lettre, la série a  tout pour plaire.

Contrainte à baisser le volume au bout de trois minutes (à cause des hurlements), je découvrais donc ce nouvel épisode, me demandant s’il y avait matière à rédiger un billet sur le sujet. Tout le long de l’épisode, un homme frappe sa fille au visage, il s’attaque ensuite aux cheveux de sa femme; l’autre femme pense au divorce dans sa cuisine, une autre fille pleure en épluchant des pommes de terre dans une autre cuisine (oui la cuisine est une pièce maîtresse dans les séries du ramadan). La violence et la tristesse sont les mots « sacrés » de ce mois.

La violence oui, mais pas n’importe laquelle. Celle qui choque et fascine à la fois. La dernière scène de l’épisode montre une violente dispute entre une des héroïnes (ou zéroines) et son mari. C’est à qui crie le plus fort et réveillera en premier les voisins. A la fin, la femme hurle qu’elle veut divorcer et vivre seule avec ses enfants, car elle ne supporte plus d’être mariée à un voleur,un menteur, un assoiffé d’argent … La femme aurait pu continuer à énumérer ses défauts, avant qu’elle ne se prenne une poêle au visage.

L’homme se trouvant fort dépourvu quand la crise fut venue ne trouva d’autre moyen que d’attraper la poêle dans laquelle des frites (d’où la récurrence des pommes de terre) bouillonnaient tranquillement dans de l’huile à 190°.

J’aurais un message à passer à cet homme : « Des gens meurent de faim , alors en ce mois sacré, pense au moins à retirer les frites avant de frapper ta femme avec la poêle ».

Je pense qu’il est inutile de vous faire part de mon dégoût, mes toilettes en sont déjà chargées.

Je ne comprendrai décidément pas quel est l’intérêt d’aller purifier son corps et son esprit en satisfaisant sa journée de jeûne par ce genre de poison mental.

A l’avenir, je regarderai Les feux de l’Amour, au moins, Victor ne bat pas Nicky !

 


Une qualification sans frontières.

A Gaelle, et tous les autres supporters blessés…

Célébration de la qualification à Montpellier.
Célébration de la qualification à Montpellier – Crédits: Lina Trabelsi

L’Algérie et le football ne font pas souvent bon ménage. En France, quelques débordements font le bonheur de la politique de recyclage du FN , au prix d’une désinformation souvent risible. Mais aujourd’hui,c’est l’Afrique qui s’indigne.

Toute la communauté des supporters algériens convulsait de joie , courant dans tous les sens , à pied , en scooter ou en voiture ; brandissant le drapeau au son des derboukas et sous les fumées rougeâtres des fumigènes made in China.

Alors que les plus fous rêvaient déjà d’une victoire de l’Algérie comme finaliste de la coupe du monde, voilà qu’un personnage aux allures d’un soldat blessé de la Grande Guerre balance une grenade en direction de son propre continent , pardon , de celui de ses parents .

« Cette qualification est pour tous les algériens du monde, pour les arabes et tous les musulmans »

Tant pis pour les africains, ils n’auront qu’à supporter le Nigéria. Et puis, autant mettre les non-musulmans dans le même sac au passage.

Personne ne demande à Ribéry de parler correctement français , alors ne demandez pas à Feghouli de savoir d’où il vient.

Si tout est confus à ce niveau là, Feghouli (joueur franco-algérien né à      Levallois-Peret) reflète de manière assez honnête la mentalité nombriliste de certains algériens. Les voisins se scrutent au travers de leur judas, les Oranais et les Constantinois se traîtent respectivement de débauchés et de constipés, et notre propre gouvernement nous vend la haine de notre voisin marocain. Feghouli dédie la qualification aux algériens musulmans qui ne savent même pas (ou peu ) aimer leur prochain , si ce n’est dans un cercle sanguin réduit.

Avec ce magnifique couscous de jalousie, de régionalisme et de rancoeur, comment voulez vous qu’un joueur franco-algérien qui apprend encore son hymne national puisse penser à des personnes étrangères à sa maigre culture , qui risque encore de s’amoindrir à l’approche du ramadhan. Il se contredit lui-même car évoluant dans une équipe dirigée par un bosniaque , jouant avec des algériens, des français, et un congolais (Rais M’bolhi , gardien de but dont le père est congolais).

La qualification de l’Algérie ne doit pas être dédiée selon des standards de sélectivité arabo-musulmane.Elle appartient à tous ceux qui ont vibré devant leur télévision , qui ont soutenu cette équipe,et à ceux qui ont défilé dans toutes les rues aux côtés des algériens qu’importe la couleur de leur dra-peau.