Lina Trabelsi

De la nécessité de la « maarifa » en Algérie

"Tu as une connaissance?"
« Tu as une connaissance ? »

En Algérie, il existe deux croyances appliquées à la lettre par les habitants. Il y a l’Islam bien entendu, mais aussi et surtout la « maarifa », peut être plus importante que la religion musulmane dont le pays se réclame.

Cette dernière étant déjà religion d’Etat, la « maarifa » serait donc une devise d’Etat, une sorte de « In maarifa we trust ».

Voilà que je viens de citer ce mot trois fois sans l’avoir clairement défini. Il ne s’agit pas d’une religion alternative de type vaudou ou autre, même si la pratique est devenue rituelle en Algérie. La maarifa, c’est « la connaissance », celle qui s’associe au piston, et qui vous ouvrira les portes de différents paradis, plus ou moins luxueux. Cette maarifa s’étend depuis des décennies sur tous les secteurs possibles et imaginables. De l’entreprise pétrolière à la quincaillerie du coin. Elle peut s’avérer nécessaire à la Daira* quand vous souhaitez accélérer une demande de passeport, à l’hôpital si vous voulez passer avant une centaine de personnes pour un scanner ou encore pour vous faire embaucher à un poste confortable dans une entreprise.

Nécessaire, que dis-je , elle est indispensable !

La maarifa ne connaît aucune limite, elle ne fait aucune distinction entre les âges, les sexes ou les niveaux sociaux. Tout le monde en a au moins une mais ne l’a jamais touché de près. Elle apparaît généralement au cours d’une conversation entre individus entamée par une phrase type: « Mon cousin travaille dans cette entreprise et il connait bien le patron, je vais lui filer ton numéro » .

Bien entendu, la maarifa n’est jamais gratuite, et même si elle est la sœur jumelle cachée de la corruption, elle ne se monnaye pas forcément. Parlons plutôt d’un troc ou d’un échange de bons procédés. Mon père, médecin, en est l’exemple parfait et sait depuis de nombreuses années manier l’art d’échanger les services, au profit d’un carnet de contacts bien rempli . « Appelle Mr…….. de ma part, dis lui que j’avais passé une radio à sa femme il y a quelques mois ». Et je peux vous le dire, s’il s’avère un jour que la maarifa est un péché, je me réserve une chaleureuse place en Enfer.

S’il est très facile de connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui peut vous rendre un service, il est plus compliqué de s’établir un réseau solide et durable au point de juste connaitre quelqu’un.

A vos calculatrices !

La maarifa peut se définir comme une fonction exponentielle faisant intervenir la qualité du service et la valeur intrinsèque de celui qui vous le propose, moyennant une variable, celle des intérêts émis par l’intermédiaire (celui qui connait quelqu’un qui connait quelqu’un …) .

A vos calculatrices ! Considérons qu’un certain Mohammed, chômeur diplômé, en recherche d’emploi, connaît Mahmoud qui connait Brahim, cadre dans une grande entreprise d’agro-alimentaire. Mahmoud, qui a déjà rendu un service X à Brahim, lui demande d’employer Mohammed. Quels seront les intérêts perçus par Mahmoud?

Je vous donne la réponse, ne pouvant subvenir à vos demandes de récompenses . Quand Ibrahim sera embauché, celui-ci devra dans un futur proche ou lointain, embaucher la fille ou le fils de Mahmoud, ou une autre connaissance proche de ce dernier.

C’est mathématiquement prouvé, la maarifa est un secteur socio-économique à part entière. Même s’il est du stade de l’informel, les disciples de cette secte ne se comptent même plus, tant il a été massivement accepté et démocratisé. Tant pis pour la justice ou l’équité, si vous souhaitez passer au travers, vous ne ramasserez que les moqueries de ses initiés.

Aprés les calculs, passons maintenant à la solution de notre problème. En définitive et selon le théorème algéro-mafieux, la maarifa est une fonction exponentielle dont le résultat est la réussite, résultat qui s’oppose à celui de la méritocratie.

*Daira : préfecture


Des Verts et des pas mûrs

Il existe un point commun entre la blogueuse algérienne que je suis et les supporters de l’équipe nationale. Nous sommes tous les deux verts. A la seule différence qu’ils sont Verts de la tête au pied, tandis que moi, je suis verte de rage.

Pourtant, je me souviens bien d’une adolescente qui était encore loin de se soucier de la dangereuse tournure politique que prenait son pays. Une adolescente qui n’hésitait pas à sortir le maillot de foot vert et blanc et à s’enduire le visage de peinture Made in China au point d’en développer un urticaire sévère.

La position phare du supporter algérien lors d'un défilé.
La position phare du supporter algérien lors d’un défilé.

Si le foot unit les peuples, il peut aussi les désunir. Preuve à l’appui. En 2010, l’équipe algérienne de football se rendait au Caire pour disputer le match contre l’Egypte pour la qualification au Mondial 2012. L’accueil fut des plus chaleureux, les Pharaons n’ayant que très peu d’estime pour les Fennecs. Après caillassage du bus de l’équipe et quelques blessures pour certains joueurs, la guerre fut déclarée. Dans la capitale, on voyait des jeunes défiler avec des boites en cartons déguisées en cercueil et ornées du drapeau égyptien. Du côté égyptien, on entendait parler d’étudiants algériens qui se faisaient agresser car ils étaient algériens, et que le foot passait avant toute idée de tolérance et de vivre-ensemble. Ceux qui se trouvaient le cul entre deux chaises, étaient bien entendu les couples mixtes, dont certains ont choisi de suivre la même lignée que les deux peuples : le divorce.

Comment un sport peut-il avoir une telle incidence sur des comportements inter-relationnels ? Pourrait-on concevoir une guerre entre deux quartiers après un affront violent entre deux joueurs de domino ?

Un vieil Algérois vêtu d’un shangai pourrait me répondre simplement « Benti, les algériens ont le sang chaud ! Et puis, tu es une fille, tu ne peux pas comprendre, le foot c’est tout ce qu’on a ! ».

C’est donc tout ce que l’Algérie possède. Un beau méchoui halal de joueurs pour la plupart importés d’Europe, courant vers le pays de leurs parents (accompagné d’un chèque) comme un âne vers la carotte. Une équipe qui, le temps d’une qualification et de 3 matchs en Coupe du Monde, fera oublier à l’Algérien ses tracas quotidiens.

Rien n’est plus beau que de voir un peuple s’unir le temps d’une soirée au nom du sport !

Rien n’est plus laid que de voir des supporters bafouer des règles primaires du fair-play et du football qu’ils adulent tant, en huant l’hymne du pays adverse, en jetant une bouteille de yaourt contre un arbitre ou en envahissant un stade au risque de faire sanctionner leur propre équipe.

Je sens qu’après cet article, certains m’attendront de (coup de) pied ferme à Alger !

 

*shangai: également appelée « bleu de chine » , il s’agit d’une tenue portée par beaucoup d’Algériens , sorte de chemise en jean à col Mao.

*benti: « ma fille » en arabe

 

 


Africaine ? Moi ?

Basilique "Notre dame d'Afrique" située sur les hauteurs d'Alger. Nommée par certains algérois "Madame l'Afrique"
Basilique « Notre dame d’Afrique » située sur les hauteurs d’Alger. Nommée par certains algérois « Madame l’Afrique » – © Lina Trabelsi

Je suis Algérienne. A ma naissance, on a coupé mon cordon ombilical pour en laisser un morceau souvenir à ma mère. Par la suite, on a délicatement tamponné mon front de l’invisible mention « arabe et musulmane ». Je suis née en Algérie , un pays peuplé d’arabes ,de kabyles ,de mzab, de chaouis,de touaregs…bref…un fourre-tout culturel. Ces différents peuples sont les résultats de nombreuses migrations entre les pays qui bordent les frontières algériennes : Maroc , Tunisie , Libye , Mali , Niger, Mauritanie. Bref, l’Afrique quoi !

L’Afrique. Voici un mot bien grand dans la bouche des Algériens , mais bien plus petit dans leur culture. Dans mon pays, l’Afrique n’a de nom que celui d’un contenant géographique et territorial, comme si l’Algérie était tombée dedans par le pur hasard des mouvements sismiques.

Lors de mon premier séjour en Afrique de l’Ouest, mon choc a été de voir comment j’étais perçue par d’autres habitants du même continent que le mien. Je me sentais un peu comme « le nouveau voisin bizarre du 3ème ». Vous savez ? Celui qui vient d’emménager dans votre immeuble et que vous n’osez pas inviter chez vous parce qu’il habite seul avec ses 3 chats et qu’il jette tous les jours ses poubelles à la même heure.

C’était moi , c’était l’Algérie. Ce pays qui a choisi de s’enfermer dans son petit club privé du Maghreb où règnent toutes sortes de chamailleries avec le Maroc ou l’Egypte sous fond d’indépendance saharienne ou de spéculations footballistiques.

J’ai bien tenté de chercher le coupable ! L’école? Mon manque de curiosité? Ou peut être le président Houari Boumediene qui,de son vivant, avait hissé le drapeau algérien en direction des aigles de Nasser et du panarabisme.

Qu’est-ce que le monde arabe nous a donné de plus que l’Afrique aurait pu nous donner? Une vue panoramique sur les printemps arabe , la burqa ou les séries édulcorées égyptiennes. Mais je ne vais pas cracher dans la chorba, sans le Moyen Orient, je n’aurai pas eu Naguib Mahfouz, Fayrouz ou même une 3ème langue sur mon C.V. J’aurai quand même aimé grandir en lisant Léopold Sedar Senghor, sous les notes d’Alpha Blondy.

Il a donc fallu que j’aille au delà des frontières maghrébines pour découvrir ma nouvelle identité avec comme caractéristiques: la générosité,l’humanisme et la simplicité.Cela est-il valable pour tous les Algériens? Ca semble bien compliqué du fait qu’ils préféreraient se payer un billet Alger-Paris pour aller à Disneyland plutôt qu’un aller Alger-Abidjan pour un stage d’initiation à l’africanisme.

Pour l’heure on ne peut que constater les dégâts causés par l’isolement du pays dans son propre continent : du racisme à toutes les sauces, repris sans concession par certains médias locaux. 

Qu’on vienne me parler de la « grandeur arabe et musulmane » alors que certains rejettent ouvertement leurs propres voisins , parmi eux des frères musulmans. N’est-il pas précisé dans le Coran que c’est bien un noir, Bilal Ibn Rabah qui a été le premier Muezzin de l’Islam ?

Afrique, si tu m’entends. Ouvre moi tes bras et libère moi de l’actuelle schyzophrénie arabo-musulmane, je te promets d’apprendre à danser le coupé-décalé, à préparer l’attiéké et à toujours avoir un CD de Papa Wemba dans ma poche.

 

 

*chorba: soupe traditionnelle largement consommée au Maghreb , surtout en Algérie et au Maroc.
*attiéké : semoule de manioc


Aprés l’ivresse Mondoblog , la gueule de bois.

C’est fini. Voici la phrase qui accompagnait ma dernière vue sur Abidjan , alors que mon avion décollait pour Paris. La ville était vêtue de ses plus belles lumières nocturnes, avant qu’elle ne disparaisse sous les nuages de l’altitude. Il était temps de lui dire au revoir, même si ma tête ne cesse d’entendre « Akwaba » de toutes parts.

De retour à Montpellier , la ville que j’avais quitté avec une certaine appréhension et que je retrouve dans la confusion.Se quitter pour mieux se retrouver ? Quelques doutes s’emparent de moi en même temps que la solitude. Je ne pourrai plus débattre sur l’intrigante texture des croissants , de m’indigner du retard interminable des cuisiniers à nous servir le repas , ou faire le bilan des personnes qui sont tombées malades pendant le séjour.

Les lézards aux allures de dinosaures ont été remplacés par les pigeons grassouillets nourris aux frites du Mc Donald. Tandis que je n’ai plus aucune crainte à passer sous un cocotier puisqu’à Montpellier , il n’y en a pas.

mondoblog_bassam

 

Remontons quelques semaines plus tôt. Je m’enjaillais à l’idée d’aller au pays de Drogba et des éléphants puisqu’on ne le rappellera jamais assez. Mais au delà de tout ça , j’ai découvert des choses bien plus grandes que ce à quoi je m’attendais. Car au delà , il y a les Mondoblogueurs. Ces 67 personnes venus des 4 coins du monde et de la francophonie , d’horizons parfois inattendus. Chacun d’entre eux a son histoire , qu’il porte fièrement sur ses épaules et dans ses billets. Le genre de personnes qui vous donnent des claques chaque fois que vous discutez avec eux. Mais je n’oublie pas ceux qui portent le projet Mondoblog , l’équipe de l’Atelier des Médias : Ziad Maalouf et Simon Decreuze , les big boss de la formation. Raphaelle Constant et Manon Mella, qui portent en elle la philosophie Mondoblog mieux que personne. Sans oublier Philippe Couve, fondateur de Mondoblog et qu’on ne cessera de considérer comme notre papa à tous , qui comme un père , fonde tous ses espoirs dans ses blogueurs. Enfin, mes derniers remerciements vont bien entendu à tous ceux qui ont donné de leur temps et de leur savoir à nous , Mondoblogueurs. Merci à RSF, J++ et France 24 pour ces précieuses connaissances !

Car oui, je retiendrai surtout ces rencontres qui, en même pas quelques heures, ont su combler les côtés creux de ma personne. Simplicité, gentillesse et humour, 3 mots qui vous définissent le mieux, vous les Mondoblogueurs, amis d’un instant et mémoires pour toujours!

Habituée à faire dans l’humour, je n’ai pas envie de vous laisser dans l’ambiance d’un billet mélancolique. Alors je continuerai à me rappeller les moments de joie qui ont accompagné cette formation , mais aussi , quelques dérapages innatendus qui ont ajouté un petit coté « épique ».Le plus mémorable restera bien évidemment l’explosion du climatiseur en pleine préparation de l’émission « L’Atelier des médias spécial Mondoblog ». Il faut dire que le technicien avait une bien curieuse façon de rafistoler les câbles électriques. Encore , le plongeon historique de Ziad « Maalof » tout habillé dans la piscine de l’hôtel, entraînant dans son mouvement une bonne trentaine de Mondoblogueurs, comme un troupeau de pingouins. Et je ne peux non plus oublier le safari aérien de notre ami mauricien Stéphane, dont l’avion a été retardé d’un jour du fait d’une collision avec une antilope.

Mon titre conclut cette expérience. Après avoir vécu 10 jours d’une richesse humaine des plus inattendus , il ne me reste plus rien que des souvenirs et de belles images d’une réalité éphémère qui s’est transformée en rêve.

En réalité , ma gueule de bois a vraiment eu lieu . Ce matin , après ma première nuit sous ma couette IKEA , je me lève avec des nausées et quelques perturbations digestives …symptômes semblables à un lendemain de cuite. J’imagine que les cuisines de l’hôtel ont voulu me laisser un souvenir d’adieu.

Pour y remédier : fleurs d’hibiscus , eau , sucre et menthe.

Seuls les vrais comprendront.

mur_abidjan

 


Le dernier clip de campagne de Bouteflika : décortiquer le vrai du faux

Plus qu’un jour avant l’élection présidentielle algérienne. Je pourrais vous parler des derniers évènements qui ont secoué le pays à la veille de cet événement très attendu dont de nombreux Algériens connaissent déjà le résultat. Mais je ne le ferai pas, car comme les jours qui précèdent le baccalauréat, mieux vaut se reposer qu’avoir la tête dans les livres de cours.

Comme la direction de campagne de Bouteflika a lu dans mes pensées, elle a publié le 15 avril son dernier spot de soutien (puisque la campagne électorale est désormais terminée). Le dernier court métrage de soutien à Bouteflika « Notre serment »,  tourné comme un « We are the World » version morbide avait provoqué un immense tollé auprès de l’opinion publique, amenant de nombreux artistes à justifier leur participation à ce clip.

L’équipe de campagne de Bouteflika a quand même le mérite de retenir de ses erreurs, en diffusant ce nouveau clip « Avec toi tous unis » sentimental à souhait et aussi mielleux que nos pâtisseries traditionnelles.

D’un premier abord, le clip présente différentes séquences censées représenter les différents acteurs de la société algérienne. Le pêcheur qui retrouve sa famille, le père expliquant le terrorisme à son enfant, la jeune fille de la Casbah qui va travailler et tant d’autres. Mais ne nous égarons pas, car je compte bien rectifier ce clip à la minute près pour ne pas laisser croire à certains que le bilan de Bouteflika consiste à aller joyeusement pêcher la sardine au large méditerranéen ou à aller regarder un match dans le café du coin.

0: 00 à 0: 32 : Le pêcheur 

Début du clip, un jeune homme, vêtu d’un sweat et d’une casquette sur une barque au large. Naïvement, j’ai anticipé sur la suite de la scène pensant qu’il s’agirait d’un « harraga » qui déciderait d’abandonner sa barque pour retourner vers sa terre natale… grâce à qui ? A Bouteflika bien sûr ! Malheureusement, je n’ai aucun talent prémonitoire puisqu’il s’agit simplement d’un pêcheur. Ne m’en voulez pas, mais vous aurez plus de chance de trouver « harraga » que « pêcheur » au duo « barque » et « algérien ». Après une pêche plutôt correcte, le pêcheur retrouve sa femme et son enfant et s’en va gaiement vers sa routine quotidienne.

0: 32 à 1: 03 : Coup de foudre dans les embouteillages 

Nous voilà maintenant dans les rues d’Alger centre reconnaissable à ses bâtisses historiques de style haussmannien. Un conducteur, stressé par les embouteillages ne cesse de klaxonner. Jusqu’ici, tout est normal, les Algériens étant connus pour figurer parmi les pires conducteurs du globe. Tout d’un coup, une autre voiture arrive avec plusieurs personnes dont deux femmes voilées assises à l’avant, joyeuses, tapant des mains et dansant. PAUSE. En Algérie, les femmes voilées sont bien connues pour être des conductrices assez particulières. Dans la vraie vie  la conductrice aurait déjà éraflé la voiture du monsieur, et celui-ci serait sorti furieux de sa voiture en insultant la dame et en attaquant tout son patrimoine généalogique. A la fin, ces deux sourient et se font même un petit « coucou ». Si seulement les trajets en voiture pouvaient être comme ça dans la vraie vie !

1: 04 à 1: 48 : Wonder Woman de la Casbah 

Cette séquence peut sembler montrer l’émancipation professionnelle de la femme, à travers la jeune femme qui quitte la maison familiale de la Casbah pour aller se rendre à son lieu de travail. J’ai quand même noté deux éléments assez furtifs, mais qui font partie du discours même de Bouteflika quant à son bilan présidentiel. Le premier élément est le zoom sur le fusil accroché au mur. Fusil, guerre, guerre d’Algérie. Un événement ancré dans toutes les mémoires, transmis de générations en génération et qu’on aime bien ressortir à toutes les sauces. Tous mes respects aux moudjahidines, afin de ne pas oublier que sans nos aînés, nous serions peut être encore sous le joug colonialiste. Et Bouteflika fait partie de cette génération d’aînés.

Deuxième élément ; lorsque la jeune femme marche dans la rue on a droit à la petite vue sur « le tramouay » , le fameux, qui est une réalisation de l’ère Bouteflikienne. Même si cette ère n’a pas encore touché à sa fin.

1: 48 à 2: 11 : Le spectre du terrorisme 

Un enfant et son père. Duo attendrissant. Le père protecteur qui retient son fils alors qu’il allait traverser sans regarder. Bonne initiative en  connaissant les conducteurs algériens. Les deux se promènent lorsqu’ils passent devant un écran de TV diffusant des images de la crise syrienne. L’enfant semble apeuré face à ce massacre, puis son père le rassure , avant que l’enfant retrouve le sourire. On peut aisément deviner les dires de son père « Ne t’inquiètes pas mon fils, l’Algérie est un pays stable maintenant, le pire est derrière nous ». Heureusement que son fils n’a pas lu les journaux dernièrement pour découvrir les émeutes destructrices de Ghardaïa, dans son pays.

2 :11 à 2 : 34: Le barbu trop bien intégré 

La dernière séquence est censée refléter l’une des oeuvres les plus importantes du président et celle qui a le plus marqué le peuple algérien. La concorde civile ou la Charte de la réconciliation nationale. Celle-ci a consisté à réconcilier en quelque sorte le peuple algérien avec les anciens terroristes en leur offrant l’amnistie sous la condition unique de la repentance. Cette « réconciliation » est ici illustrée par un musulman (et je ne dirai pas islamiste) vêtu de la gandoura. Il est très rabaissant de penser que les terroristes sont tous vêtus de la sorte, ou qu’à contrario tous les hommes vêtus de cette manière seraient des islamistes fanatiques complètement marginalisés de la société civile. Ce qui n’est réellement pas le cas en Algérie.

Enfin, le clip se termine sur une courte séquence du président entouré d’enfants (parce que c’est plus mignon) avec le slogan « Pour la paix et la stabilité de notre pays ». Tout est dit, voici les deux arguments phares du président : Paix et Stabilité, à travers la réconciliation nationale, la modernisation du pays la sécurisation du territoire et j’en passe. Les communicants auront omis de signaler les différents scandales financiers qui ont ébranlé la sphère politique ou encore les dernières émeutes à Ghardaïa qui remettent en cause ladite « stabilité » du pays.