Ramadan en Algérie : le pardon, le partage et la poêle à frire
Voici déjà quelques jours que le mois « sacré » du ramadan a pris place dans les foyers musulmans. Entre thé à la menthe et conflits au Moyen-Orient, on partage, on pardonne et on ne peut plus esquiver les repas de famille.
Pour ma part, ces premiers jours se déroulent en France où mes repas ressemblent plus à une initiation à la cuisine algérienne qu’autre chose. Après avoir ingurgité des litres de chorba et de Selecto, me voilà fin prête à découvrir la série traditionnelle du ramadan via mon ordinateur posé sur le socle qu’est devenu mon ventre. N’ayant pas accès à la chaîne terrestre, je me résous donc à aller sur Canal Algérie , chaîne dédiée aux Algériens résidant en France , puisque j’en fais partie désormais.
En Algérie, les soirées ramadanesques seraient vides de sens sans le célèbre « mouselsel », qui signifie feuilleton. Ces séries mélodramatiques, semblables aux « soaps » ou aux « télénovelas » trouvent pour principales cibles : les ménagères, les personnes dépressives et ceux qui aiment avoir matière à faire de l’humour noir.
Je vous laisse deviner ma catégorie.
La série dont je me suis imprégnée tourne autour d’un double portrait, celui de deux femmes au foyer (premier cliché), dont le quotidien se résume à faire la vaisselle et à éplucher des patates (deuxième cliché) et qui entretiennent des relations quelque peu houleuses avec leurs conjoints. En Algérie, il faut comprendre par « relations houleuses » qu’elles se font battre par leur mari. C’était le troisième cliché.
La règle des trois « C » (Chômage, Cuisine, Conjoint) ayant été appliquée à la lettre, la série a tout pour plaire.
Contrainte à baisser le volume au bout de trois minutes (à cause des hurlements), je découvrais donc ce nouvel épisode, me demandant s’il y avait matière à rédiger un billet sur le sujet. Tout le long de l’épisode, un homme frappe sa fille au visage, il s’attaque ensuite aux cheveux de sa femme; l’autre femme pense au divorce dans sa cuisine, une autre fille pleure en épluchant des pommes de terre dans une autre cuisine (oui la cuisine est une pièce maîtresse dans les séries du ramadan). La violence et la tristesse sont les mots « sacrés » de ce mois.
La violence oui, mais pas n’importe laquelle. Celle qui choque et fascine à la fois. La dernière scène de l’épisode montre une violente dispute entre une des héroïnes (ou zéroines) et son mari. C’est à qui crie le plus fort et réveillera en premier les voisins. A la fin, la femme hurle qu’elle veut divorcer et vivre seule avec ses enfants, car elle ne supporte plus d’être mariée à un voleur,un menteur, un assoiffé d’argent … La femme aurait pu continuer à énumérer ses défauts, avant qu’elle ne se prenne une poêle au visage.
L’homme se trouvant fort dépourvu quand la crise fut venue ne trouva d’autre moyen que d’attraper la poêle dans laquelle des frites (d’où la récurrence des pommes de terre) bouillonnaient tranquillement dans de l’huile à 190°.
J’aurais un message à passer à cet homme : « Des gens meurent de faim , alors en ce mois sacré, pense au moins à retirer les frites avant de frapper ta femme avec la poêle ».
Je pense qu’il est inutile de vous faire part de mon dégoût, mes toilettes en sont déjà chargées.
Je ne comprendrai décidément pas quel est l’intérêt d’aller purifier son corps et son esprit en satisfaisant sa journée de jeûne par ce genre de poison mental.
A l’avenir, je regarderai Les feux de l’Amour, au moins, Victor ne bat pas Nicky !
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